ANNONCER UNE DECISION
L'art d'annoncer une décision difficile
Une « mauvaise » nouvelle attend l'un de vos subordonnés. Première des choses : osez lui annoncer vous-même, car éviter la confrontation peut en effet avoir des conséquences pires que le mal lui-même. Et pour que la pilule soit moins difficile à avaler, un mot d'ordre : restez ouvert et prompt à dialoguer. Tour d'horizon, illustré et détaillé, de ce que vous devez faire et ne pas faire.
Voici une histoire vraie, qui s'est déroulée dans un cabinet d'audit parisien. Claire, ingénieur, fait les cent pas dans son bureau. Elle se demande, inquiète, pourquoi son patron la convoque à 18 heures une veille de pont de 1er Mai. Le téléphone sonne... Au bout du fil, c'est la secrétaire de direction : " Le chef est toujours en entretien, il m'a chargée de te dire que ton compte rendu de mission doit être remis au client sans faute lundi matin. Il demande que tu lui téléphones demain, chez lui. "
Réaction de Claire à froid : " Je me suis sentie frustrée de devoir bâcler un travail qui comptait pour moi. J'étais furieuse également de me rendre indisponible pour ma famille pendant une bonne partie du week-end. Je n'ai pas osé dire non, par peur de reproches culpabilisants et pour ménager mon avenir. Mais j'étais trop en colère pour réfléchir, j'ai assuré le strict minimum, avec quand même beaucoup de soin dans la présentation. Ce que j'aurais apprécié ? Au minimum, qu'il me fasse part personnellement de sa décision, qu'il s'intéresse à l'état d'avancement de mon travail... et bien sûr qu'il me remercie. "
Assurément, le directeur n'était pas à l'aise pour annoncer à sa collaboratrice sa décision de remettre le rapport d'audit une semaine plus tôt que prévu. On imagine ce qu'il pouvait ressentir : une sensation d'échec pour n'avoir pas su résister à la pression du client, la crainte que le document ne soit pas prêt à temps, la peur du conflit...
En refusant d'avoir un échange franc et direct avec son subordonné, en jouant sur les sentiments (culpabilité, insécurité...) de ce dernier, ce manager a "choisi" une voie qui ne peut que générer des tensions relationnelles. Il aurait pu procéder ainsi :
Téléphoner au collaborateur concerné pour le prévenir. Voici une formulation possible : " Compte
tenu de la demande pressante de notre client, et vu l'enjeu commercial, j'ai décidé de livrer les résultats de votre étude lundi prochain. Je suis gêné vis-à-vis de vous parce je ne peux pas respecter les délais dont nous étions convenus. Quand pouvons-nous nous rencontrer dans la journée pour faire le point ? "
En réunion, après avoir évalué avec le collaborateur le travail restant à effectuer, exprimer franchement sa demande : " S'il vous plaît, pouvez-vous faire ce travail pendant le week-end ? "
Observer les réactions de son interlocuteur. L'encourager à formuler ses idées, ses objections, ses besoins. Orienter la discussion afin de trouver un accord qui permette de tenir l'objectif et reconnaître l'effort à fournir par le collaborateur.
Pour être crédible, ce type de dialogue suppose un changement de comportement : il nécessite de passer d'une attitude brutale à la confiance. Il n'y a rien d'exceptionnel à ce qu'un collaborateur apporte sa créativité et sa coopération en cas de coup dur.